Covid-19 : la majorité des patients ayant perdu l'odorat le retrouve au bout d'un an

Une étude française se veut rassurante : l'anosmie persistante liée à la Covid-19 a un excellent pronostic à long terme avec une récupération du sens de l'odorat à un an pour une très large majorité des patients. Sur 97, ils ne sont plus que deux à encore souffrir d'une perte partielle d'odorat après 12 mois.
Rapidement après le début de la pandémie de Covid-19, l'anosmie est apparue comme un des signes révélateurs de l'infection. Si cette perte de l'odorat parait bénigne au regard d'autres risques, elle constitue néanmoins un lourd handicap pour les personnes ayant été infectées par le SARS-CoV-2. Et ce d'autant qu'après guérison, ce symptôme persiste souvent plusieurs semaines, voire des mois.
L'évolution dans le temps et la réversibilité des troubles olfactifs liés à la Covid-19, qui peuvent persister et affecter négativement la vie des patients, nécessitaient une étude plus approfondie. C'est désormais chose faite grâce à une équipe du CHU de Strasbourg qui, pour clarifier l'évolution clinique et le pronostic, a suivi une cohorte de patients atteints d'anosmie liée à la Covid-19 pendant un an et effectué des évaluations répétées de la fonction olfactive pour un sous-ensemble de patients.
Pendant un an, à quatre mois d'intervalle, des patients atteints de Covid-19 prouvée par réaction de polymérisation en chaîne ont été invités à remplir une enquête et leur fonction olfactive a été évaluée par des tests psychophysiques (les tests de seuil et d'identification, Sniffin' Sticks Test et Burghardt). Les patients hyposmiques ou anosmiques ont été suivis jusqu'à la récupération olfactive objective. L'analyse des données a été réalisée de juin 2020 à mars 2021.
Cette étude porte sur 97 patients (67 femmes) ayant un âge moyen de 38,8 ans, ayant été frappés par une perte d'odorat aiguë au-delà de 7 jours. Parmi ces patients, 51 (52,6%) ont subi à la fois un test olfactif subjectif et objectif, et 46 (47,4%) une évaluation subjective seule. Après évaluation subjective à quatre mois, 23 des 51 patients (45,1%) ont rapporté une récupération complète de l'olfaction, 27 (52,9%) une récupération partielle et 1 (2,0%) aucune récupération. À huit mois, une évaluation olfactive objective a confirmé une guérison complète chez 49 des 51 patients (96,1%). Deux patients sont restés hyposmiques à un an, avec des anomalies persistantes.
Parmi ceux qui ont subi une évaluation subjective seule, 13 des 46 patients (28,2%) ont signalé une récupération satisfaisante à quatre mois (7 avec récupération totale et 6 avec récupération partielle), et les 33 patients restants (71,7%) l'ont fait à 12 mois (32 avec récupération totale et 14 avec récupération partielle).
Rassurants, les résultats obtenus suggèrent aussi qu'un gain supplémentaire de 10% de récupération peut être attendu à 12 mois, par rapport aux études avec un suivi de six mois qui n'ont trouvé que 85,9% des patients guéris.
Les auteurs ont encore découvert qu'il existe des écarts entre les tests auto-évalués et objectifs, les participants ayant tendance à sous-estimer le retour à un odorat normal.
En conclusion, le pronostic de récupération de l'odorat au bout d'un an est excellent, la grande majorité le retrouvant dans les premiers mois. C'est donc un message d'espoir pour tous les patients atteints du Covid-19 et frappés d'anosmie.
(référence : JAMA Network Open, 24 juin 2021, doi :10.1001/jamanetworkopen.2021.15352)